Archives de l’auteur : Matthieu Saladin

Bulletin d’abonnement

2013

Journal published with Marie Boivent

Each issue of the magazine takes the form of a subscription form, which allows readers to resubscribe to the next issue. The different issues are in fact made up of subscription forms “borrowed” from magazines for which the said forms no longer serve any purpose, as the form is always taken from the final issue of the magazine from which it is “borrowed”. What’s more, the subscription form issue number corresponds to the issue number of the magazine in which the form originally appeared (subscription form n°1 is borrowed from a magazine for which only one issue was ever published, subscription form n°2 from a magazine for which only two issues were ever published, etc.).

The magazine Bulletin d’abonnement will itself cease to be published when it no longer has any subscribers.

Éditions provisoires. More info here.

Revue réalisée avec Marie Boivent

Chaque numéro de la revue prend la forme d’un simple bulletin d’abonnement, permettant de se réabonner pour le numéro suivant. Les numéros sont en fait constitués de bulletins d’abonnements “empruntés” à des revues qui n’en ont plus l’usage puisqu’il s’agit à chaque fois du bulletin diffusé dans ce qui s’est trouvé être leur dernier numéro. Le bulletin d’abonnement repris correspond en outre au numéro de la livraison dans lequel il a paru (Bd’A n°1 emprunte le bulletin d’une revue n’ayant eu qu’un numéro ; Bd’A n°2, celui d’une revue n’ayant eu que deux numéros, etc.).

La revue « Bulletin d’abonnement » s’arrêtera à son tour dès lors qu’il n’y aura plus aucun abonné.

Éditions provisoires. Plus d’infos ici.

« There’s A Riot Goin’ On » Project

2013

There’s a Riot Goin’ On is a missing piece from Sly and the Family Stone’s 1971 eponymous album. Simply mentioned on the album cover, it suggests, by its silence, a riot without a manifesto, seemingly appearing only through interstices.

The project “There’s a Riot Goin’ On” that I am proposing to you today consists in a dispersed “cover version” of this missing track. If you feel like participating, you would have to insert the title “There’s a Riot Goin’ On” in the track list of one (or several) of your forthcoming albums. A plain textual addition, a simple anonymous insert alluding to the discreet slogan. The reference would only concern the album cover and/or booklet, without any other form of explanation, nor credit mentioning the project.

Insert published in Volume !, n° 9.1, 2013 ; Revue et Corrigée, n° 95, March 2013 ; Wire, n° 352, June 2013 ; Metallian, n° 78, July 2013 ; Wax Poetics, n° 56, August 2013 ; Nero, n° 33, fall 2013.

There’s A Riot Goin’ On est un morceau absent du disque éponyme de Sly & the Family Stone paru en 1971. Simplement indiqué par son titre sur la pochette, il laisse entendre dans son mutisme une révolte dégagée de tout manifeste, qui semble ne pouvoir poindre que dans les interstices.

Le projet « There’s A Riot Goin’ On » consiste en une « reprise » disséminée de ce morceau inexistant. Diffusé par emails, inserts dans des magzines de musiques populaires et autres publications, il invite tout musicien qui le souhaite à insérer ce titre, « There’s A Riot Goin’ On », parmi la liste des morceaux d’un (ou plusieurs) de ses disques à paraître. Cet ajout ne doit être que textuel, c’est-à-dire ne concerner que la pochette et/ou le livret du disque, sans aucune explication, ni crédit concernant le projet – simple insert anonyme au slogan discret.

L’insert a été publié dans Volume !, n° 9.1, 2013 ; Revue et Corrigée, n° 95, mars 2013 ; Wire, n° 352, juin 2013 ; Metallian, n° 78, juillet 2013 ; Wax Poetics, n° 56, août 2013 ; Nero, n° 33, automne 2013.

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Jukebox de silence

2013

Silent Jukebox, with Patrice Caillet & Adam David

As of the end of the 1940s, a strange record made its appearance in some American jukeboxes. It differed from the other hits available in the fact that no sound was played when it was selected: it was a silent record. Hoax or marketing of tranquillity, the origin of these records is still very much a mystery today. At the same time and before germination of the idea for 4’33’’, John Cage announced a project for such a record that he hoped to sell to the company Muzak. The project was never carried out, no doubt because these records already existed… Since then, the silent record has been appropriated numerous times, in the margins and even within cultural industries, and its use spans remarkable semantic diversity: performative, memorial, political, critical, abstract, poetic, cynical, facetious, technical, promotional, absurd and even indeterminate.

Jukebox de silence is a jukebox for which all the musical titles available are made up of silent pieces taken from record and recording history. These pieces include those brought together for the vinyl compilation Sounds of Silence, as well as other titles that were not included on this compilation due to the limited length of the record. Each silent piece is made available in its full, unedited form and has been digitised from the original format used.

Dès la fin des années 1940, un étrange disque fait son apparition dans certains juke-boxes américains. Il se distingue des autres tubes mis en boîte par une absence de son manifeste dès qu’on le sélectionne pour l’écoute : c’est un disque de silence. Canular ou marchandisation de la tranquillité, l’origine de ces disques reste encore très mystérieuse. Au même moment, et alors que l’idée de 4’33’’ n’a pas encore germé, John Cage énonce dans une conférence le projet d’un tel disque qu’il souhaite vendre à la compagnie Muzak. Le projet ne sera cependant jamais réalisé, sans doute parce que ces disques existent déjà… Depuis, le disque de silence a connu d’innombrables appropriations, en marge ou à l’intérieur même des industries culturelles, et répond d’une diversité sémantique remarquable : performatif, mémoriel, politique, critique, abstrait, poétique, cynique, facétieux, technique, promotionnel, absurde, ou encore indéterminé.

Jukebox de silence est un jukebox dont l’intégralité des titres musicaux proposés à l’écoute est constituée de morceaux de silence issus de l’histoire du disque et de l’enregistrement. Ces morceaux reprennent ceux réunis dans la compilation vinyle Sounds of Silence (Frac Franche-Comté/Alga Marghen), mais aussi d’autres titres qui n’avaient pu être retenus en raison de la durée limitée du disque. Chaque morceau de silence est proposé dans son intégralité, numérisé depuis son support original.

G-20 Song

2012

Continuous sound piece / internet website and software. Online: from September 2012.

The G-20 Song website consists in the real-time transposition of the G-20 countries’ stock market indices (and their associated average) into sound frequencies. These countries represent 85% of global economic trade. The user can choose to listen to the individual sound transposition of one of the G-20 country indices, or to all of them at the same time. The software localizes the user, and if she/he is in one of the G-20 countries, the website automatically plays the sound frequency associated to that country’s index. For example, if the user is in Berlin, the sound transposition of the DAX index automatically starts when she/he connects to the website; if she/he is in Kyoto, it will be the Nikkei 225 index, and so forth. It is then possible to clic on the other indices to listen to them, or to clic on “all” to listen to all of them simultaneously. If the user is not located in any of the G-20 countries, when she/he connects to the website, it automatically plays all of the sound frequencies, by default.

Le site internet G-20 Song consiste à transposer en temps réel le cours des indices boursiers des pays du G-20 en fréquences sonores – pays qui regroupent à eux seuls plus de 85% des échanges économiques mondiaux. L’internaute peut choisir d’écouter la transposition en fréquence sonore soit de l’indice de tel ou tel pays du G-20, soit de l’ensemble des 20 pays simultanément. Le logiciel identifie la localisation de l’internaute et si celui-ci se trouve dans l’un des 20 pays du G-20, le site joue directement, comme premier choix d’écoute par défaut, l’indice du pays où se trouve l’internaute. Par exemple si l’internaute se trouve à Berlin, la transposition en fréquences sonores du DAX se met en marche automatiquement lors de la connexion ; s’il se trouve à Kyoto, c’est le Nikkei 225, etc. Il est possible ensuite de cliquer sur les autres indices proposés pour les écouter, ou de cliquer sur « all » pour écouter simultanément l’ensemble des indices du G-20. Si l’internaute se trouve dans un autre pays que ceux constituant le G-20, c’est alors l’option « all » qui est jouée par défaut lors de la connexion.

www.g20song.netsite optimisé pour firefox mozilla

Production CAC Brétigny

Un mandat de CAC 40 (2007-2012)

2012

A CAC 40 mandate (2007-2012). Performance.

Performance on March 24, 2012 at Lieu Unique in Nantes, as part of an evening of concerts opening the Locus Sonus symposium at the École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. The piece is based on the principle of the Stock Exchange Pieces and consists in the transposition in sinusoidal frequencies of all the values of the CAC 40 during the mandate of Nicolas Sarkozy, then president of the French Republic in campaign for his re-election. The duration of the performance is calculated according to the ratio of one year of stock market trading for one minute of concert.

Diffusion le 24 mars 2012 au Lieu Unique à Nantes, dans le cadre d’une soirée de concerts en ouverture du symposium Locus Sonus à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. La pièce reprend le principe des Stock Exchange Pieces et consiste en la transposition en fréquences sinusoïdales de l’ensemble des valeurs du CAC 40 durant le mandat de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française en campagne pour sa réélection. La durée de la diffusion est calculée selon le ratio d’un an d’activité boursière pour une minute de concert.

Ne prenez pas tout ce qu’on vous donne

2011

Don’t take everything you are given.

Flyer, 14,8 x 21 cm, published in Tract’eurs n° 15 and the anthology Tract’eurs, Incertain Sens, 2012, project organized by Antonio Gallego, Roberto Martinez and le Cabinet du livre d’artiste.

Tract, 14,8 x 21 cm, publié dans Tract’eurs n° 15 et l’anthologie Tract’eurs, Incertain Sens, 2012, projet organisé par Antonio Gallego, Roberto Martinez et le Cabinet du livre d’artiste.

(Déserts)

2011

Déserts by Edgard Varèse was first performed at the Théâtre des Champs-Élysées in Paris, on December 2, 1954. This concert has gone down in history as one of the greatest scandals in XXth century avant-garde music, as the audience rioted during the performance. Socio-historical context surely played a role, as France was still under the Fourth Republic, marked by its policy of “cultural democratization”. This concert was part of the National Orchestra’s “Tuesdays” (in fact, as it was to be broadcast live, it took place exceptionally on a Thursday), which were free and as a result attracted a wide audience not necessarily used to musical experimentation such as this. The concert was conducted by Hermann Scherchen, assisted for the occasion by Pierre Henry, who was in charge of the electro-acoustic device. It presented pieces from the classical repertoire – Mozart’sGrand Overture in B flat and Tchaikovsky’s Symphony No. 6 (“Pathétique”) – and a work that confronted acoustic and “organized” sounds in an innovative way.

During the performance, people reacted noisily, and at the same time, another “music” emerged in counterpoint, improvised, developing in a more or less undecided – if not indeterminate – way, and at irregular intervals. Listening to the recording, the protests literally compete with Varèse’s music, developing a new and particularly complex musical form, a succession and intertwining of murmurs, muted mutterings, and sudden and untimely waves of boisterous disapproval. But behind the rejection, one can maybe also discover, in this other music, the intrinsic link between noise and democracy.

This disc presents this other sonic manifestation, the one performed by the audience. In a certain way, I have followed the logic of retrenchment that underpins Varèse’s initial work. Edgard Varèse’s Déserts is a mixed composition, structured in four instrumental movements, to which three electronic interpolations are added, which interrupt the instrumental development. During these interpolations, the orchestral sound fades away to give way to the recorded sounds. In (Déserts), I have simply extended this process, erasing Varèse’s piece to let a new type of recorded “interpolation” appear: the anonymous noise of the audience.

Recorded on December 2, 1954, in Paris. Edited on April 4, 2009, in Paris.

Déserts d’Egard Varèse fut créé au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, le 2 décembre 1954. Ce concert est resté dans les mémoires comme l’un des grands scandales de l’histoire de la musique avant-garde du XXe siècle, donnant lieu à une véritable révolte de la part du public. Le contexte sociohistorique n’y fut sans doute pas étranger. L’époque était alors celle en France de la Quatrième République, marquée du point de vue de la culture par la politique dite de « démocratisation culturelle » : le concert était gratuit, dirigé par un célèbre chef d’orchestre, Hermann Scherchen – accompagné pour l’occasion par Pierre Henry au pupitre des commandes électro-acoustiques – et s’inscrivait dans la programmation des « mardis » du National (se déroulant exceptionnellement un jeudi pour les besoins de la retransmission en direct). Il tentait en outre d’articuler des pièces issues du répertoire classique (en l’occurrence la Grande ouverture en si bémol de Mozart et la Symphonie Pathétique de Tchaïkovski) et une œuvre novatrice dans sa confrontation de sons acoustiques et de « sons organisés ». En raison de leur gratuité et de leur cadre, ces concerts accueillaient généralement un public nombreux, non nécessairement coutumier des expérimentations musicales.

Lors de cette interprétation, le public réagit bruyamment à la musique, mais dans le même temps une autre « musique », improvisée celle-ci, émergeait en contrepoint, se développant de manière plus ou moins indécise, sinon indéterminée, et à intervalles irréguliers. A l’écoute de l’enregistrement, les protestations du public rivalisent littéralement avec la musique de Varèse, dessinant, dans leur propre effectivité, une autre forme musicale, particulièrement complexe, où se succèdent et s’entremêlent des heurts violents, des murmures et une rumeur sourde, de brusques surgissements intempestifs et des vagues houleuses de désapprobation. Mais peut-être qu’en deçà du désaveu, pointe également dans cette autre musique le lien intrinsèque qui existe entre bruit et démocratie.

C’est cette autre manifestation sonore, performée par le public, que ce disque se propose de donner à l’écoute. Pour cela, j’ai en quelque sorte poursuivi la logique de retranchement qui sous-tend la pièce initiale de Varèse. Déserts est une œuvre mixte, qui est structurée en 4 mouvements instrumentaux, auxquels s’ajoutent 3 interpolations électroniques qui viennent interrompre le développement instrumental. Durant ces interpolations, les sons de l’orchestre s’effacent pour laisser place aux sons enregistrés. Dans (Déserts), j’ai simplement continué cet effacement, éclipsant la pièce de Varèse pour laisser apparaître un autre type d’« interpolations » enregistrées : le bruit anonyme du public.

Enregistré le 2 décembre 1954, Paris. Edité le 4 avril 2009, Paris. Durée : 27’10’’

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