Archives de l’auteur : Matthieu Saladin

Scripts pour un message d’absence (partition de travail n° 5)

2023

Protocole

Activated when the gallery Salle Principale was closed from July 1 to September 14, 2023, in advance of the exhibition Détresse et dividendes (Distress and Dividends), this work infiltrates the gallery’s e-mail system, proposing an automatic reply that mixes the usual formula of an absence message with considerations on the relationship to work in the neoliberal context. The protocol includes a choice of messages.

Activée sur la période de fermeture de la galerie Salle Principale du 1er juillet au 14 septembre 2023 en amont de l’exposition Détresse et dividendes, cette œuvre infiltre la messagerie électronique du lieu et propose une réponse automatique mêlant une formule usuelle de message d’absence à des considérations sur le rapport au travail dans le contexte néolibéral. Le protocole comprend plusieurs messages au choix.

Les eaux dormantes (les épuisés)

2023

Installation

Les eaux dormantes (still waters) take the form of puddles whose volume is determined by social, economic or demographic quantification, at a rate of one metric drop (0.05 ml) per unit. Les épuisés (the exhausted ones) is a statistic that lists the number of people in psychological distress at work, published by the Institut de veille sanitaire. It forms a puddle of 24 liters.

Presented as part of the exhibition Group Show (based on Koyaanisqatsi) (curated by Emile Ouroumov), at Salle Principale, from 11 February to 25 March 2023.

Les eaux dormantes prennent la forme de flaques d’eau dont le volume est déterminé par une quantification sociale, économique ou démographique, à raison d’une goutte métrique (0,05 ml) par unité. Les épuisés reprend une statistique recensant le nombre de personnes en détresse psychologique au travail, publiée par l’Institut de veille sanitaire. Elle forme une flaque de 24 litres.

Activée dans le cadre de l’exposition Group Show (d’après Koyaanisqatsi) (commissaire Emile Ouroumov), à Salle Principale, du 11 février au 25 mars 2023.

Photo: Émile Ouroumov, 2023. Droits réservés | Rights reserved.
Photo: Émile Ouroumov, 2023. Droits réservés | Rights reserved

Les prix du même

2023

Sound installation / installation sonore.

Les prix du même (the prices of the same) is the enunciation of all the simultaneous monetary equivalences of the same unit of pollution, in other words the different prices of a ton of CO2 equivalent, according to the latest report published by the World Bank. The play is a duet between a woman and a man. The woman for the stock markets, the man for the government taxes. Each announcement is followed by a silence whose duration is that of the figure announced. For example, if the market price in Beijing is 6.53 dollars per ton, the silence that follows this figure equals 6.53 seconds; if the price of the carbon tax in Liechtenstein is 129.86, the silence = 129.86 seconds; etc.

Les prix du même est l’énonciation de l’ensemble des équivalences monétaires simultanées d’une même unité de pollution, autrement dit les différentes tarifications d’une tonne d’équivalent CO2, selon le dernier rapport publié par la Banque mondiale. La pièce est un duo entre une femme et un homme. La femme pour les places boursières, l’homme pour les taxes gouvernementales. Chaque annonce est suivie d’un silence dont la durée est celle du chiffre annoncé. Exemple, si le prix du marché à Beijing est de 6,53 dollars la tonne, le silence qui suit ce chiffre égale 6,53 secondes ; si le prix de la taxe carbone au Liechtenstein est de 129,86, le silence = 129,86 secondes ; etc.

Evaporation (record)

2022

LP, produced by Frac Franche-Comté and Salle Principale. Design graphic: Achim Reichert.

Recording of the evaporation of 785 grammes of water, namely the average quantity of water that a body loses during an office working day, according to Carrier thermal balance statistics. Duration: 47’38’’.

Enregistrement de l’évaporation de 785 grammes d’eau, soit la quantité moyenne d’eau qu’un corps perd sur une journée de travail dans un bureau, selon les statistiques d’un bilan thermique Carrier. Durée 47 minutes et 38 secondes.

L’oeuf Dogon et la répartition d’intensités

2022

Print, 13.7 x 21.5 cm. Score.

The Dogon Egg and the Distribution of Intensities

For breath. The score is the image that opens chapter 6 of Mille Plateaux and is captioned « the Dogon egg and the distribution of intensities ». The score is played by several people, without a limited number of participants. No instrument is necessary. No articulated sounds are emitted. The dotted lines of the drawing indicate the movements to be made by the participants, so that the whole of the movements carried out during the performance will eventually draw the performed graphic form. Each participant moves at his/her own pace. Each dash corresponds to an exhalation as long as possible. The distance covered for each dash is determined by the duration of this breath.

Imprimé, 13,7 x 21,5 cm. Partition.

Pour souffle. La partition est l’image qui ouvre le chapitre 6 de Mille Plateaux et légendée « l’œuf dogon et la répartition d’intensités ». La partition est jouée à plusieurs, sans nombre limité de participant·es. Aucun instrument n’est nécessaire. Aucun son articulé n’est émis. Les lignes en pointillés du dessin indiquent les déplacements à réaliser par les participant·es, de sorte que l’ensemble des mouvements exécutés durant la performance dessine à terme la forme graphique interprétée. Chaque participant·e évolue à son propre rythme. Chaque pointillé correspond à une expiration aussi longue que possible. La distance parcourue pour chaque pointillé est déterminée par la durée de ce souffle.

Oracle (aujourd’hui est-il un autre jour ?)

2022

LED display, Raspberry pi, controller, galvanized steel, aluminum, concrete, dimensions 318 x 206 x 515 cm.

Every day, at the official time of sunrise, an oracle is gradually revealed on the eastern rampart of the castle of Angers. The apparition is repeated fourteen times until sunset, the same number of scenes that have now disappeared from the tapestries of the Apocalypse exposed in the monument. These enigmatic sentences are determined by daily measurements of air pollution. They offer themselves to the interpretation of the quality of a new day and the world that accompanies it.

Technical team: Colin Bouvry (multimedia design), Théo Diers (production management), Raphaël Isdant (multimedia design), Agence KCS (structural design), Ianis Lallemand (computational design), Achim Reichert (graphic design).

Work presented at the Château d’Angers from June 27 to October 2, 2022, produced by the « Mondes nouveaux » program launched by the Ministry of Culture as part of France Relance, in collaboration with the Centre des monuments nationaux.

Écrans LED, Raspberry pi, contrôleur, acier galvanisé, aluminium, béton, dimensions 318 x 206 x 515 cm.

Chaque jour, à l’heure officielle du lever du soleil, un oracle se révèle progressivement sur le rempart Est du château d’Angers. L’apparition se répète en tout quatorze fois jusqu’au coucher du soleil, soit le nombre de scènes aujourd’hui disparues des tapisseries de l’Apocalypse conservées dans l’enceinte du monument. Ces phrases énigmatiques sont déterminées par des mesures quotidiennes de pollution de l’air. Elles s’offrent à l’interprétation de la qualité d’un nouveau jour et du monde qui l’accompagne.

Equipe technique : Colin Bouvry (régie multimédia), Théo Diers (suivi de production), Raphaël Isdant (régie multimédia), Agence KCS (design structure), Ianis Lallemand (design computationnel), Achim Reichert (design graphique).

Œuvre présentée au château d’Angers du 27 juin au 2 octobre 2022, produite par le programme « Mondes Nouveaux » mis en œuvre par le ministère de la Culture dans le cadre de France Relance, en collaboration avec le Centre des monuments nationaux.

La Logique culturelle du capitalisme tardif appliquée à la spatialité

2022

Protocol:

The Cultural Logic of Late Capitalism Applied to Spatiality can be activated in group or solo exhibitions, but necessarily including several works.

In the manner of a scenographic protocol, it consists in determining the distance between two works by the annual turnover of a group or a company whose foundation is active in the field of contemporary art. It is thus a question of transposing this turnover into a measure of distance. The conversion is done by simply substituting a unit of measurement for the monetary unit.

For example, if the LVMH group produces a turnover of 64 billion euros, the distance separating two works to be applied could be equal to 6.4 meters, according to a scale of 1/10,000,000,000.

Protocole :

La Logique culturelle du capitalisme tardif appliquée à la spatialité peut être activée dans des expositions collectives ou solo, mais comprenant nécessairement plusieurs œuvres.

À la manière d’un protocole scénographique, elle consiste à déterminer la distance séparant deux œuvres par le chiffre d’affaires annuel d’un groupe ou d’une société dont la fondation d’entreprise est active dans le champ de l’art contemporain. Il s’agit ainsi de transposer ce chiffre d’affaires en mesure de distance. La conversion s’effectue par simple substitution d’une unité de mesure à l’unité monétaire.

Par exemple, si le groupe LVMH produit un chiffre d’affaires de 64 milliards d’euros, la distance séparant deux œuvres à appliquer pourra être égale à 6,4 mètres, selon une échelle de 1/10 000 000 000.

Stroboscope de la confiance

2022

Programmed lighting device.

Stroboscope of confidence

Stroboscope whose flashes are determined by the data of the synthetic indicator of household confidence calculated by INSEE over the period from October 1973 to March 2020, that is to say the period separating two major economic crises, that of the first oil shock and that linked to the COVID-19 pandemic.

Dispositif lumineux programmé.

Stroboscope dont les clignotements sont déterminés par les données de l’indicateur synthétique de confiance des ménages calculé par l’INSEE sur la période d’octobre 1973 à mars 2020, soit la période séparant deux crises économiques majeures, celle du premier choc pétrolier et celle liée à la pandémie du COVID-19.

Détresse & dividendes

2022

Dimensions 12 x 9 x 8 cm.

Two metronomes are fixed one to the other, forming a sculpture on the floor. Their rhythms are extremely close, although slightly asynchronous. The rhythm of one is set at 44 bpm. It reflects the rate of psychological distress at work measured by a barometer of the polling institute Empreinte Humaine in October 2021. The second is set at 42 bpm. It translates, also by unit substitution, the number (in tens of thousands of euros) of dividends per minute made at the same time by the CAC 40 companies.

Dimensions 12 x 9 x 8 cm.

Deux métronomes sont collés l’un à l’autre, formant une sculpture déposée à même le sol. Leurs rythmes sont extrêmement proches, quoique légèrement asynchrones. Le rythme de l’un est réglé à 44 bpm. Il reprend le taux de détresse psychologique au travail mesuré par un baromètre de l’institut de sondages Empreinte Humaine en octobre 2021. Le second est réglé quant à lui à 42 bpm. Il traduit, également par substitution d’unité, le nombre (en dizaines de milliers d’euros) de dividendes par minute réalisés au même moment par les entreprises du CAC 40.

(After) Chambers

2022

Performance

In the context of the exhibition Une musique intérieure (Conduct, Language, Voice, Inner Ears) (February – April 2022 at Tabakalera, San Sebastian, Spain), where I presented the piece The gap all else being equal, the curator Pierre Bal-Blanc asked me to coordinate the activation of Alvin Lucier’s Chambers (1968), which he would also like to include in the exhibition. Chambers is a work that consists of « moving large and small resonant environments ». The piece invites us to listen to recordings of large resonant spaces (such as a stadium) in medium or small objects, considered as small resonant spaces (such as a teapot).

I accepted on the condition that I added a constraint other than acoustic in the choice of environments. My proposal wished to give to hear an imbrication of spaces, but also of functions, sites and positions, like so many chambers susceptible to enter in resonance. As Lucier underlines in this work, listening to an environment through another implies renewing one’s relationship to listening. It is not so much a question of listening to an object, a subject or an event, but a relation, to apprehend the listening itself as a relation attaching itself to « simple or complex » relations. The relations are here extended from acoustics to politics and economy. The spaces recorded are those of the headquarters and architectural buildings of the sponsorships of the Tabakalera art center. The small resonant spaces are personal objects that I asked each member of the art center’s executive board to entrust to me for the duration of the exhibition. Finally, the performance consisted of a procession in which the different people in charge of the art center each carried their object inside which the recording of one of the sites resonated, from their office to the exhibition space where the objects were then placed on the ground.

The project was prepared prior to the exhibition during a workshop with students, conducted with Xabier Erkizia. In view of its distance from the source score, the performance is renamed (After) Chambers.

Dans le cadre de l’exposition Une musique intérieure (Conduct, Language, Voice, Inner Ears) organisée entre février et avril 2022 à Tabakalera, à San Sebastian en Espagne, et où je présente la pièce L’écart toutes choses égales par ailleurs, le commissaire Pierre Bal-Blanc me propose de coordonner l’activation de Chambers (1968) d’Alvin Lucier qu’il souhaite également intégrer à l’exposition. Chambers est une œuvre consistant à « déplacer des environnements résonants de grandes et de petites tailles ». La pièce invite à écouter des enregistrements d’espaces résonants de taille importante (comme un stade) dans des objets de taille moyenne ou réduite, considérés comme de petits espaces résonants (comme une théière par exemple).

J’accepte à la condition d’ajouter une contrainte autre qu’acoustique dans le choix des environnements. Ma proposition souhaite donner à entendre une imbrication d’espaces, mais aussi de fonctions, de sites et de positions, comme autant de chambers susceptibles d’entrer en résonance. Comme le souligne Lucier dans cette œuvre, écouter un environnement à travers un autre implique de renouveler son rapport à l’écoute. Il ne s’agit plus tant d’écouter un objet, un sujet ou un événement, mais une relation, d’appréhender l’écoute elle-même comme une relation s’attachant à des relations « simples ou complexes ». Les relations sont ici étendues de l’acoustique à la politique et à l’économie. Les espaces enregistrés sont ainsi ceux des sièges sociaux et des bâtiments architecturaux des sponsors et tutelles du centre d’art Tabakalera. Les espaces résonants de petite taille sont quant à eux des objets personnels que je demande à chaque membre du bureau exécutif du centre d’art de me confier pour la durée de l’exposition. La performance consiste enfin en une procession où les différent·es responsables du centre d’art portent chacun·e leur objet à l’intérieur duquel résonne l’enregistrement d’un des sites, depuis leur bureau jusqu’à l’espace d’exposition où lesdits objets sont ensuite déposés au sol.

Le projet est préparé en amont de l’exposition dans le cadre d’un workshop mené avec Xabier Erkizia et des étudiant·es. Au regard de son écart avec la partition source, la performance est renommée (After) Chambers.