2018
Sound installation. Unrealized project.
Context
This project was thought from a double topicality: the 80th anniversary of the Retirada, which gave rise to a call for projects from the Occitania region, and the political and humanitarian crisis that surrounds the current migratory flows from the South towards Europe.
The archives and literature on life in the various imprisonment camps (Argelès, Saint-Cypiren, Le Barcarès, Gurs, etc.) where the exiles of La Retirada were detained from February 1939 onwards give an account of the countless individual tragedies they experienced, the deplorable living conditions and the generally authoritarian treatment of the situation by the French authorities of the time. In contrast, they also testify to the daily life in the camps, where fragments of social life were quickly rebuilt, notably with the creation of camp newspapers, the organization of language courses, cultural events, etc. Among these activities, music seems to have had a special place. Indeed, beyond the festive moments where hymns, songs of the civil war, and other traditional tunes could resound, a number of songs, in turn nostalgic, political, or simply testifying to the misery of living conditions, were directly written in these camps. These songs were inspired by popular tunes whose lyrics were transformed for the occasion, as well as songs composed by some of the imprisoned musicians: the guaracha Alé Alé Reculé by Julio Cuevas, La chanson d’Argelès, La chanson de Bourg-Madame, L’hymne au camp written by Catalans from the camp of Bram, or, among others, Wie hinterm Draht by the German composer Eberhard Schmidt, imprisoned at the camp of Saint-Cyprien.
The proposed project consisted of using recordings of these songs, taken from the archives or from compilations published later, as bells for the doorbells of a number of institutions scattered throughout the region. These bells were not intended to be added to the pre-existing bells of these institutions, but simply and discreetly replace them.
The regional institutions to which the project was to be proposed had as a common denominator that they were all institutions dealing with current immigration:
- institutions related to the administration, such as the French office of immigration and integration, the prefecture ;
- those of the justice system, such as the law firm ATY in Toulouse, specialized in the law of foreigners;
- those involved in reception and detention, such as reception centers for asylum seekers, administrative detention centers and requisitioned hotels;
- local migrant aid associations.
Thus, when a user rings the bell to indicate his or her entry into one of the institutions concerned, a particular song composed in the imprisonment camps of La Retirada would be played instead of the usual ringing of the bell. The bells were to be installed for the duration of the commemoration.
(Elements of the application sent in response to the call for projects of the Occitanie region. Application submitted by the BBB art center, in the context of a personal exhibition then in preparation in the institution).
This proposal was initially received favorably by the regional administration, but the passage in commission and the official answer were late in coming in spite of the reminders of the art center. As often, the delays of procedure and the absence of answers to the last reminders will mean the refusal of the project at the end.
Installation sonore. Projet non abouti.
Contexte
Le contexte de ce projet ressort d’une double actualité, dont il opère le rapprochement : le 80ème anniversaire de La Retirada donnant lieu à un appel à projets de la région Occitanie et la crise politique et humanitaire qui entoure les actuels flux migratoires en provenance du Sud et en direction de l’Europe.
Les archives et la littérature sur la vie dans les différents camps d’internement (Argelès, Saint-Cypiren, Le Barcarès, Gurs, etc.) où furent parqué·es, puis maintenu·es, les exilé·es de La Retirada à partir de février 1939 rendent compte des innombrables tragédies individuelles vécues par ces dernier·es, des conditions de vie déplorables et du traitement globalement autoritaire de la situation par les autorités françaises d’alors. En contraste, elles témoignent également d’un quotidien au sein des camps où tentent rapidement de se reconstruire des fragments de vie sociale, avec notamment la création de journaux de camps, l’organisation de cours de langue, d’événements culturels, etc. Parmi ces activités, la musique semble avoir eu une place particulière. En effet, au-delà des moments de fête où pouvaient résonner des hymnes, des chants de la guerre civile, et autres airs traditionnels, nombre de chansons, tour à tour nostalgiques, politiques, ou témoignant simplement de la misère des conditions de vie, furent directement écrites dans ces camps. Ces chansons étaient aussi bien inspirées d’airs populaires dont les paroles étaient transformées pour l’occasion, que composées par quelques musicien·nes interné·es : la guaracha Alé Alé Reculé de Julio Cuevas, La chanson d’Argelès, La chanson de Bourg-Madame, L’hymne au camp écrit par des Catalan·es du camp de Bram, ou encore, parmi d’autres, Wie hinterm Draht du compositeur allemand Eberhard Schmidt emprisonné quant à lui au camp de Saint-Cyprien.
Le projet proposé consiste à utiliser des enregistrements de ces chansons, prélevés dans les archives ou issus de compilations publiées ultérieurement, comme sonneries pour les sonnettes de porte d’un certain nombre d’institutions disséminées sur le territoire régional. Ces sonnettes ne viendront pas s’ajouter à celles préexistantes desdites institutions, mais les remplaceront simplement et discrètement.
Les institutions régionales à qui le projet sera proposé auront comme dénominateur commun d’être toutes des institutions ayant trait à l’immigration actuelle :
– institutions relevant de l’administration, comme l’office français de l’immigration et de l’intégration, la préfecture ;
– celles relevant de la justice, comme le cabinet d’avocats ATY de Toulouse, spécialisé dans le droit des étranger·es ;
– celles relevant de l’accueil et de la rétention, comme les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, les centres de rétention administrative et les hôtels réquisitionnés ;
– des associations locales d’aide aux migrants.
Ainsi, lorsqu’un usager sonnera pour signifier son entrée dans l’une des institutions concernées, telle ou telle chanson composée dans les camps d’internement de La Retirada résonnera à la place de l’habituelle sonnerie du lieu. Les sonneries seront installées sur toute la durée de la commémoration.
(Éléments du dossier envoyé en réponse à l’appel à projets de la région Occitanie. Dossier déposé par le BBB centre d’art, dans le cadre d’une exposition personnelle alors en préparation dans l’institution.)
Cette proposition est d’abord reçue favorablement par l’administration régionale, mais le passage en commission et la réponse officielle tardent à venir malgré les relances du centre d’art. Comme souvent, les retards de procédure et l’absence de réponses aux dernières relances signifieront in fine le refus du projet.