Archives de l’auteur : Matthieu Saladin

La capture de l’inaudible (publication)

2019

Software Edition on SD card and silkscreen booklet, including a text by Jonathan Sterne.

That which is inaudible is here understood to mean that which belongs to the realm of sounds that cannot be heard because they are below or beyond the spectrum audible to the human ear, or masked by other louder sounds emitted simultaneously or almost simultaneously. However the word is also used to refer to that which lies outside the hearing, or rather the understanding of a group, a community, or even a society, in so far as it is socially, culturally and historically constructed, in other words that which cannot be heard because it remains unintelligible to this group, this community or this society, according once again to the impact of thresholds and masking effects. Thus a political meaning is added to the phenomenological sense of the inaudible, without it actually being possible to draw a clear line between the two, especially when one approaches listening as a sense conditioned by the apparatuses used to facilitate it (as indeed all the senses are), or in other words “aided” listening even where no visible device is used.

The software acts like a reverse mp3 encoder. Where a classical mp3 encoder removes inaudible frequencies to reduce the size of an audio file, the reverse encoder gives these frequencies to listen, removing what the mp3 format usually keeps.

More info here: https://artkillart.org/la-capture-de-linaudible/

Logiciel sur carte SD et livret sérigraphie, comprenant un texte de Jonathan Sterne.

D’une part, l’inaudible est ici compris au sens de ce qui appartient au royaume des sons ne pouvant être entendus car se situant en-deçà ou au-delà du spectre audible par l’oreille humaine, ou bien masqués par d’autres sons plus forts émis simultanément ou presque. D’autre part, l’inaudible renvoie à ce qui excède l’écoute, sinon l’entendement d’un groupe, d’une communauté, voire d’une société, en tant qu’il est construit socialement, culturellement et historiquement, autrement dit à ce qui ne peut être entendu car demeurant inintelligible pour ce groupe, cette communauté ou cette société, et selon, là aussi, des effets de seuils et de masques. À l’acception phénoménologique de l’inaudible s’adjoint ainsi une acception politique, sans que l’on puisse en réalité tracer une frontière nette entre l’une et l’autre, notamment dès lors que l’on aborde l’écoute en tant que sens pris dans des dispositifs (du reste comme tous les sens), qui l’agencent de manière stratégique, la façonnent techniquement, juridiquement, historiquement et socialement, soit une écoute “appareillée” quand bien même celle-ci ne serait munie d’aucune prothèse visible. 

Le logiciel agit de manière exactement inverse au traitement du signal que réalise habituellement un encodeur MP3 : il ne conserve que les fréquences que supprime l’encodage MP3, c’est-à-dire l’inaudible selon l’idéologie qui gouverne cette technologie. Le choix du MP3 ne se veut néanmoins pas une critique de la compression des données audio qu’il opère, ni des usages, ni des écoutes qui le mobilisent, mais intervient simplement en tant qu’il exemplifie de manière particulièrement intéressante la porosité de la frontière censée séparer les deux acceptions de l’inaudible précédemment citées.

Production Art Kill Art & Synesthésie–MMaintenant, avec le soutien de ÉSA Pyrénées – Pau Tarbes, accès)s(cultures électroniques, CNC / Dicréam (Dispositif pour la création artistique multimédia et numérique).

Plus d’infos sur l’édition ici : https://artkillart.org/la-capture-de-linaudible/

Economic Score – BBB centre d’art

2019

The work Economic Score consists in transposing a cultural economy into a musical score. The present version refers to the budget of BBB centre d’art in 2019. The score consists of 3 tables to be used jointly in preparing the performance.

Performed by IFMI Master students (Toulouse university Jean Jaurès), on May 23, 2019.

La pièce Economic score consiste en la transposition d’une économie culturelle en partition. La version « BBB centre d’art » comprend 3 tables à utiliser conjointement dans la préparation de l’interprétation. Elle reprend le budget du BBB centre d’art sur l’ensemble de l’année 2019.

Interprétée par les étudiants du master IFMI (université Toulouse Jean Jaurès), le 23 mai 2019. 

Photo : Émile Ouroumov, 2019

Calendrier des révoltes 2019

Calendar of Revolts takes the form of a calendar for the year 2019 that replaces the celebrations of the patron saints on all 365 days of the year with the anniversaries of popular revolts taken from the pages of modern and ancient history.

Calendrier 2019 où les informations habituelles relatives à chaque jour laissent place à l’unique mention d’une révolte ayant eu lieu ce même jour.

Design Huz & Bosshard ; production BBB centre d’art. Poster 118 x 78 cm, 500 exemplaires.

Publié dans le cadre de l’exposition Temps partiels I. Tirer sur les cadrans pour arrêter le jour (cur. Emile Ouroumov), BBB Centre d’Art, Toulouse, France, du 13/02 au 29/06/19.

Photo : Émile Ouroumov, 2019
Photo : Émile Ouroumov, 2019

Épigraphes sur factures

Epigraphs on invoices. Textual insert, in progress since 2019. Printed papers, A4 size.

Since January 1, 2019, I have been inserting a different quote related to the capitalist economy as an epigraph in the footer of each invoice I edit as part of my artistic activity. From invoice to invoice, a series of apostrophes or comments on the economy in which the activity in question is inscribed and addressed to the different recipients of these accounting documents.

Insert textuel, en cours depuis 2019. Imprimés, format A4.

Depuis le 1er janvier 2019, j’insère une citation différente relative à l’économie capitaliste sous forme d’épigraphe en pied de page de chaque facture que j’édite dans le cadre de mon activité artistique. De facture en facture, se dessine ainsi une série d’apostrophes ou de commentaires sur l’économie dans laquelle s’inscrit l’activité en question et adressés aux différents destinaires de ces documents comptables.

Intervention #1 (Les Sirènes)

2018

“Ideology “acts” or “functions” in such a way that it “recruits” subjects from among individuals (it recruits them all), or “transforms” individuals into subjects (it transforms them all) by the very specific operation known as interpellation that can be thought of in terms of the most straightforward everyday police interpellation (or not): “hey, you, over there!” If we suppose that the imagined theoretical happening takes place in the street, the interpellated individual turns round. By means of this simple 180-degree physical reorganisation, the individual becomes a subject. Why? Because he/she has recognised that the interpellation was indeed directed at him/her and that “it was indeed him/her who was being interpellated” (and not anyone else). […] The existence of ideology and the interpellation of individuals as subjects is one and the same thing.” (L. Althusser, 1970)

A performance by the group Les Sirènes on 23 November 2018 at Instants Chavirés, Montreuil (Paris region), in the form of a questioning of our relationship to auditory injunctions. Elaborated during an in-situ residency in September 2018, the piece takes the form of a dramaturgy composed from various alarm systems, highlighting the way in which they reconfigure space and its use. Transforming a safety evacuation exercise into a listening exercise, the piece acts on sound matter inside the very ears of exhibition visitors.

Les Sirènes is a collective that produces pieces that perform a social criticism of sound. It analyses and questions the auditory myths we’re exposed to, forms of domination or resistance constructed by sound and the way in which sound can produce or destroy that which is held in common. Using both artistic and theoretical tools, Les Sirènes aims to bring about distanced listening experiences that are specific to the spaces in which they are presented. The collective is made up of musician and performer Francisco Meirino, composer and improviser Jérôme Noetinger, artist and academic Matthieu Saladin and researcher and author Juliette Volcler.

« L’idéologie “agit” ou “fonctionne” de telle sorte qu’elle “recrute” des sujets parmi les individus (elle les recrute tous), ou “transforme” les individus en sujets (elle les transforme tous) par cette opération très précise que nous appelons l’interpellation, qu’on peut se représenter sur le type même de la plus banale interpellation policière (ou non) de tous les jours : “hé, vous, là-bas !”. Si nous supposons que la scène théorique imaginée se passe dans la rue, l’individu interpellé se retourne. Par cette simple conversion physique de 180 degrés, il devient sujet. Pourquoi ? Parce qu’il a reconnu que l’interpellation s’adressait “bien” à lui, et que “c’était bien lui qui était interpellé” (et pas un autre). […] C’est une seule et même chose que l’existence de l’idéologie et l’interpellation des individus en sujets. » (L. Althusser, 1970)

Performance du groupe Les Sirènes, le 23 novembre 2018 aux Instants Chavirés, Montreuil, sous la forme d’un questionnement sur notre rapport aux injonctions auditives. Élaborée à l’occasion d’une résidence in situ en septembre 2018, cette intervention compose une dramaturgie à partir de divers dispositifs d’alerte, mettant en évidence la façon dont ils reconfigurent l’espace et son usage. Transformant l’exercice d’évacuation en exercice d’écoute, la pièce travaille la matière sonore à même les oreilles du public.

Les sirènes est un collectif d’intervention sur la critique sociale du son. Il travaille à analyser et questionner les mythes auditifs qui nous traversent, les formes de domination ou de résistance construites par le son et la façon dont ce dernier peut produire ou détruire du commun. Utilisant des outils artistiques aussi bien que théoriques, il vise à susciter des expériences d’écoute distanciées et spécifiques à l’espace dans lequel elles s’inscrivent. Il réunit le musicien et performeur Francisco Meirino, le compositeur et improvisateur Jérôme Noetinger, l’artiste et universitaire Matthieu Saladin, la chercheuse et autrice Juliette Volcler.

Vers l’impasse de la confiance

2018

Towards Impasse de la Confiance

Tract showing the shortest route to the street in Paris known as Impasse de la Confiance (literal meaning: the confidence dead end). Distributed during MAD (Multiple Art Days), at the Monnaie de Paris, on 15 and 16 September 2018.

Tract indiquant le chemin le plus court pour se rendre à l’impasse de la confiance. Distribué à l’occasion de MAD, à la Monnaie de Paris, les 15 et 16 septembre 2018.

La Retirada

2018

Sound installation. Unrealized project.

Context

This project was thought from a double topicality: the 80th anniversary of the Retirada, which gave rise to a call for projects from the Occitania region, and the political and humanitarian crisis that surrounds the current migratory flows from the South towards Europe.

The archives and literature on life in the various imprisonment camps (Argelès, Saint-Cypiren, Le Barcarès, Gurs, etc.) where the exiles of La Retirada were detained from February 1939 onwards give an account of the countless individual tragedies they experienced, the deplorable living conditions and the generally authoritarian treatment of the situation by the French authorities of the time. In contrast, they also testify to the daily life in the camps, where fragments of social life were quickly rebuilt, notably with the creation of camp newspapers, the organization of language courses, cultural events, etc. Among these activities, music seems to have had a special place. Indeed, beyond the festive moments where hymns, songs of the civil war, and other traditional tunes could resound, a number of songs, in turn nostalgic, political, or simply testifying to the misery of living conditions, were directly written in these camps. These songs were inspired by popular tunes whose lyrics were transformed for the occasion, as well as songs composed by some of the imprisoned musicians: the guaracha Alé Alé Reculé by Julio Cuevas, La chanson d’Argelès, La chanson de Bourg-Madame, L’hymne au camp written by Catalans from the camp of Bram, or, among others, Wie hinterm Draht by the German composer Eberhard Schmidt, imprisoned at the camp of Saint-Cyprien.

The proposed project consisted of using recordings of these songs, taken from the archives or from compilations published later, as bells for the doorbells of a number of institutions scattered throughout the region. These bells were not intended to be added to the pre-existing bells of these institutions, but simply and discreetly replace them.

The regional institutions to which the project was to be proposed had as a common denominator that they were all institutions dealing with current immigration:

  • institutions related to the administration, such as the French office of immigration and integration, the prefecture ;
  • those of the justice system, such as the law firm ATY in Toulouse, specialized in the law of foreigners;
  • those involved in reception and detention, such as reception centers for asylum seekers, administrative detention centers and requisitioned hotels;
  • local migrant aid associations.

Thus, when a user rings the bell to indicate his or her entry into one of the institutions concerned, a particular song composed in the imprisonment camps of La Retirada would be played instead of the usual ringing of the bell. The bells were to be installed for the duration of the commemoration.

(Elements of the application sent in response to the call for projects of the Occitanie region. Application submitted by the BBB art center, in the context of a personal exhibition then in preparation in the institution).


This proposal was initially received favorably by the regional administration, but the passage in commission and the official answer were late in coming in spite of the reminders of the art center. As often, the delays of procedure and the absence of answers to the last reminders will mean the refusal of the project at the end.

Installation sonore. Projet non abouti.

Contexte

Le contexte de ce projet ressort d’une double actualité, dont il opère le rapprochement : le 80ème anniversaire de La Retirada donnant lieu à un appel à projets de la région Occitanie et la crise politique et humanitaire qui entoure les actuels flux migratoires en provenance du Sud et en direction de l’Europe.

Les archives et la littérature sur la vie dans les différents camps d’internement (Argelès, Saint-Cypiren, Le Barcarès, Gurs, etc.) où furent parqué·es, puis maintenu·es, les exilé·es de La Retirada à partir de février 1939 rendent compte des innombrables tragédies individuelles vécues par ces dernier·es, des conditions de vie déplorables et du traitement globalement autoritaire de la situation par les autorités françaises d’alors. En contraste, elles témoignent également d’un quotidien au sein des camps où tentent rapidement de se reconstruire des fragments de vie sociale, avec notamment la création de journaux de camps, l’organisation de cours de langue, d’événements culturels, etc. Parmi ces activités, la musique semble avoir eu une place particulière. En effet, au-delà des moments de fête où pouvaient résonner des hymnes, des chants de la guerre civile, et autres airs traditionnels, nombre de chansons, tour à tour nostalgiques, politiques, ou témoignant simplement de la misère des conditions de vie, furent directement écrites dans ces camps. Ces chansons étaient aussi bien inspirées d’airs populaires dont les paroles étaient transformées pour l’occasion, que composées par quelques musicien·nes interné·es : la guaracha Alé Alé Reculé de Julio Cuevas, La chanson d’Argelès, La chanson de Bourg-Madame, L’hymne au camp écrit par des Catalan·es du camp de Bram, ou encore, parmi d’autres, Wie hinterm Draht du compositeur allemand Eberhard Schmidt emprisonné quant à lui au camp de Saint-Cyprien.

Le projet proposé consiste à utiliser des enregistrements de ces chansons, prélevés dans les archives ou issus de compilations publiées ultérieurement, comme sonneries pour les sonnettes de porte d’un certain nombre d’institutions disséminées sur le territoire régional. Ces sonnettes ne viendront pas s’ajouter à celles préexistantes desdites institutions, mais les remplaceront simplement et discrètement.

Les institutions régionales à qui le projet sera proposé auront comme dénominateur commun d’être toutes des institutions ayant trait à l’immigration actuelle :

– institutions relevant de l’administration, comme l’office français de l’immigration et de l’intégration, la préfecture ;

– celles relevant de la justice, comme le cabinet d’avocats ATY de Toulouse, spécialisé dans le droit des étranger·es ;

– celles relevant de l’accueil et de la rétention, comme les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, les centres de rétention administrative et les hôtels réquisitionnés ;

– des associations locales d’aide aux migrants.

Ainsi, lorsqu’un usager sonnera pour signifier son entrée dans l’une des institutions concernées, telle ou telle chanson composée dans les camps d’internement de La Retirada résonnera à la place de l’habituelle sonnerie du lieu. Les sonneries seront installées sur toute la durée de la commémoration.

(Éléments du dossier envoyé en réponse à l’appel à projets de la région Occitanie. Dossier déposé par le BBB centre d’art, dans le cadre d’une exposition personnelle alors en préparation dans l’institution.)


Cette proposition est d’abord reçue favorablement par l’administration régionale, mais le passage en commission et la réponse officielle tardent à venir malgré les relances du centre d’art. Comme souvent, les retards de procédure et l’absence de réponses aux dernières relances signifieront in fine le refus du projet.

Le chant du dialogisme – Partition pour un entretien d’embauche

2018

Le chant du dialogisme (Song of dialogism) is the first musical score in a forthcoming series entitled Partitions de travail (scores for work). For this long-term project, work is approached as economic activity, from its regulation to its organisational modalities, including power relationships and the processes of subjectivation that come into play in the various situations, constraints and individual and collective investments involved. 

These experimental scores have not however been written to be played by musicians or performers who come from elsewhere but by the teams of the places that host them. Le Chant du dialogisme – Partition pour un entretien d’embauche (Song of dialogism – Score for a job interview) was produced by and for the MMaintenant art centre in Saint-Denis. It was created on the occasion of the recruitment of a new team member, a production and communication officer. It is made up of two parts, played together – part A: candidate and part B: recruiter –, as well as a prelude, called ‘the recruiter’s prelude’, which consists in inserting the following phrase in the recruitment advert: “In place of a motivation letter, you will send the words of a song, which, according to you, reflect our contemporaneity”.

Le chant du dialogisme constitue la première partition d’une série en devenir intitulée Partitions de travail. Dans ce projet au long cours, le travail est investi en tant qu’activité économique, de sa réglementation à ses modalités organisationnelles, en passant par les relations de pouvoir et les processus de subjectivation qu’il implique au gré des situations, des contraintes et des investissements individuels et collectifs.

Ces partitions expérimentales ne sont toutefois pas à interpréter par des musiciens ou des performers extérieurs mais par l’équipe même des lieux qui l’accueillent. Le Chant du dialogisme – Partition pour un entretien d’embauche a été produite par et pour le centre d’art MMaintenant à Saint-Denis. Elle a été créée à l’occasion du recrutement d’un nouveau membre au sein de l’équipe, en tant que chargé.e de production et de communication. Elle compte deux parties jouées conjointement – partie A : candidat ; partie B : recruteur –, ainsi qu’un prélude, appelé prélude du recruteur, qui consiste à insérer dans la publication de l’annonce de recrutement la phrase suivante : « En lieu et place de la lettre de motivation, vous enverrez les paroles d’une chanson qui, selon vous, reflète notre contemporanéité ».

Le silence de Vincennes

2018

(Microphone, Raspberry Pi, sound card, 3G key, beacon)

A connected microphone abandoned on the old site of the Centre Universitaire Expérimental de Vincennes continuously records the sound environment on the site in real time. Founded in autumn 1968 and located in the Bois de Vincennes, this centre constituted the beginnings of what became Université Paris 8. It stood out at the time for the experimental teaching given there, the fact that it was open to foreigners and students who did not have their baccalaureate and the political engagement of the university community. The building premises were knocked down in 1980 when the university moved to its current site in Saint-Denis. The site previously occupied by the campus is now a clearing in the wood, left fallow and surrounded by extensive, wooded areas. Any trace of the site’s past activities seems to have disappeared.

The microphone installed there records the site’s silence, the collection of sounds that make up its atmosphere and its daily hum: from the noise of the wind rustling in the leaves to the quiet sounds of animals busying themselves with occupying the area, as well as the various users (walkers, who come through the site, the refugee camp close by) and the sounds of the road traffic from the Paris ring road (le périphérique) that runs beside the wood. This recording is broadcast live and unedited in the waiting room at the Université Paris 8 President’s office on the second floor of G block (bâtiment G) in Saint-Denis. It thus creates a link between the two sites, which, historically, founded Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, the silence of one reverberating in the other, in a space given over to the activity of waiting.

(Microphone, Raspberry Pi, carte audio, clé 3G, boîtier beacon)

Un microphone connecté est abandonné sur l’ancien site du Centre universitaire expérimental de Vincennes et capte en temps réel et en continu l’environnement sonore du lieu. Créé à l’automne 1968 et situé dans le bois de Vincennes, ce centre constitue la première mouture de l’université Paris 8. Il se distingue alors notamment par l’expérimentation dont font preuve les enseignements qui y sont donnés, son ouverture aux non-bacheliers et aux étrangers, ainsi que par l’engagement politique de sa communauté universitaire. Ses locaux sont rasés en 1980 au moment où l’université déménage sur son site actuel à Saint-Denis. Le terrain occupé jadis par le campus fait aujourd’hui place à une clairière laissée en jachère, entourée de vastes zones boisées. Toute trace des activités passées du site semble avoir disparu.

Le microphone installé sur place enregistre le silence du lieu, c’est-à-dire l’ensemble des sons qui constituent son ambiance et sa rumeur quotidienne, du bruit du vent soufflant dans les feuillages à ceux discrets des animaux œuvrant à la fabrique de leurs territoires, en passant par ceux de ses divers usagers, des éventuels promeneurs qui le traversent, d’un campement de réfugiés à proximité, ou encore le son diffus du trafic routier en provenance du boulevard périphérique jouxtant le bois. Cette captation est diffusée en direct, telle quelle, dans la salle d’attente attenante au bureau de la présidence, situé au deuxième étage du bâtiment G. Elle opère la rencontre des deux sites qui, historiquement, fondent l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, le silence de l’un se propageant dans l’autre, via un espace dédié à l’attente.

Réalisation : Stéphane Cousot.

Calendrier des révoltes 2018

Calendar of Revolts takes the form of a calendar for the year 2018 that replaces the celebrations of the patron saints on all 365 days of the year with the anniversaries of popular revolts taken from the pages of modern and ancient history.

Calendrier 2018 où les informations habituelles relatives à chaque jour laissent place à l’unique mention d’une révolte ayant eu lieu ce même jour.

Design Jean-Baptiste Parré ; production Lendroit. Poster 60 x 80 cm, 500 exemplaires.

Publié dans le cadre de l’exposition «Please, save the date!», du 12 janvier au 24 mars 2018, commissaire : Marie Boivent.

Photo : Richard Louvet