Archives de catégorie : Devices

Projet pour l’ENSAE au titre du 1% artistique

2015

Installation. Unrealized project.

Unsuccessful application for the conception, the realization and the installation of an artwork for the 1% artistic contribution within the Groupe des Écoles Nationales d’Économie et Statistique.

Considering both the singularity of the architectural project developed by CAB architects for the new ENSAE building, where the transparency of the building and its openness to the outside world play an important role, and the international expertise of the school in economics and statistics, my project consists in the realization of a connected software that continuously determines an index of the inequalities of the living conditions, the variations of which modulate in real time the opacity of the adjoining windows of the convivial spaces.

The visible part of the project concerns only the windows of the convivial spaces on the different floors. The lower the index of inequality of living conditions, the more transparent the windows adjacent to the convivial spaces become. And conversely, the higher the index, the more opaque the windows become. The opacity/transparency of the windows concerned thus varies from day to day, if not from hour to hour, according to the continuous calculation of this index. The very appearance of the building – more precisely that of the openings to the outside of the convivial spaces – is informed and transformed by the objects that form the basis of ENSAE’s teaching and research, economics and statistics.

Candidature non retenue pour la conception, la réalisation et l’installation d’une œuvre au titre du 1% artistique au sein du Groupe des Écoles Nationales d’Économie et Statistique.

Considérant à la fois la singularité du projet architectural développé par CAB architectes pour le nouveau bâtiment de l’ENSAE, où la transparence du bâtiment et son ouverture sur l’extérieur jouent un rôle important, et l’expertise internationale de l’école en matière d’économie et de statistique, mon projet consiste en la réalisation d’un logiciel connecté déterminant de manière continue un indice des inégalités des niveaux de vie, dont les variations modulent en temps réel l’opacité des vitres attenantes des espaces de convivialité.

La partie visible du projet ne concerne que les ensembles vitrés sur lesquels donnent les espaces de convivialité des différents étages. Plus l’indice obtenu des inégalités des niveaux de vie est faible, plus les vitres attenantes aux espaces de convivialité deviennent transparentes. Et à l’inverse, plus cet indice est élevé, plus ces mêmes vitres deviennent opaques. L’opacité/transparence des vitres concernées varie ainsi d’un jour à l’autre, sinon d’heure en heure, au gré du calcul continu de cet indice. L’apparence même du bâtiment – plus précisément celle des ouvertures sur l’extérieur des espaces de convivialité – est informée et transformée par les objets qui fondent l’enseignement et la recherche de l’ENSAE, l’économie et les statistiques.

Tentative d’épuisement du bruit blanc

2014

An Attempt at Running Out White Noise

www.tentativedepuisementdubruitblanc.net

In signal processing, white noise is “a random signal with a constant power spectral density.” In Tentative d’épuisement du bruit blanc (An Attempt at Running Out White Noise), each connection to the website randomly generates a sound frequency ranging from 20 Hz to 20 kHz. This frequency is then added to the previous frequencies/connections, just as later frequencies/connections will add to it. The website’s activity thus is an endless process approaching the achievement of white noise – the one of our uses of the Internet.

Each line generated by a connection gives the following information: the date and hour of the connection; its geolocation; the associated frequency.

Le bruit blanc est défini en traitement du signal comme la « réalisation d’un processus aléatoire dans lequel la densité spectrale de puissance est la même pour toutes les fréquences ». Dans Tentative d’épuisement du bruit blanc, chaque connexion au site web génère de manière aléatoire une fréquence sonore comprise entre 20 Hz et 20 kHz. Cette fréquence s’ajoute alors aux fréquences/connexions antérieures, tout comme les fréquences/connexions ultérieures viendront s’ajouter à elle. L’activité du site est ainsi un processus sans fin tendant à la réalisation d’un bruit blanc, celui de nos usages de l’Internet.

Chaque ligne générée par une connexion indique les informations suivantes : la date et l’heure de la connexion ; sa géolocalisation ; la fréquence associée.

(Développement logiciel / software development : Ianis Lallemand & Aymeric Nunge)

Vers l’impasse nationale

2014

Towards Impasse Nationale

Mural at 180 rue Saint Martin 75003 Paris showing the shortest route to get to the street in Paris known as Impasse Nationale. Visible on the Mur Saint Martin, from 18 September to 5 November 2014.

Peinture murale au 180 rue Saint Martin 75003 Paris indiquant le chemin le plus court pour se rendre à l’impasse nationale. Visible au Mur Saint Martin, du 18 septembre au 5 novembre 2014.

http://lemursaintmartin.over-blog.com

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Sonneries publiques

2014

Public ringtones are textual statements recorded as ringtones, that are freely downloadable. With each call, your phone becomes a loudspeaker broadcasting a sentence in the public space.

Les sonneries publiques sont des énoncés textuels présentés sous forme de sonneries pour téléphone portable et téléchargeables gratuitement. À chaque appel, votre téléphone portable devient un haut-parleur diffusant une phrase dans l’espace public.

Collection: FNAC

http://sonneriespubliques.tumblr.com

La production de l'espace

La production de l’espace

2013

The production of space

An application programmed to call public phone boxes randomly in a given area (for its first presentation this area was the Val d’Orge conurbation, in which the CAC Brétigny arts centre is based), one phone box at a time, each time an email is received on the work email addresses of the employees working at the venue in which the work is exhibited. If someone picks up, the application announces the phone box’s address and then reads the email. The content of the message remains unknown if nobody picks up. Speakers in the exhibition space play in real time the intermittent ringing, the message (if the phone is picked up) and any reactions from the person who picks up.

The application generates a spatial score in real time, each phone box serving both as somewhere from which sound is emitted and somewhere sound is listened to – an isolated place but at the same time a place that is part of an urban telecoms network.

Logiciel programmé pour appeler de manière aléatoire les cabines de téléphone public d’un territoire donné (pour sa première présentation il s’agissait de l’agglomération du Val d’Orge dont dépend le CAC Brétigny), une cabine à la fois, à chaque fois que l’institution dans laquelle est exposée l’œuvre reçoit un email sur les adresses professionnelles de ses agents. Si une personne décroche, le logiciel annonce l’adresse de la cabine, puis lit le message électronique reçu. Le contenu du message demeure secret si personne ne décroche le combiné de la cabine. Dans l’espace d’exposition, des haut-parleurs diffusent en temps réel les sonneries intermittentes, mais aussi le message si le combiné est décroché à l’un des appels, ainsi que les éventuelles réactions de la personne qui décroche.

Le logiciel génère en temps réel une partition spatiale, chaque cabine étant comprise à la fois comme un point d’émission et un point d’écoute – point isolé et en même temps pris dans un réseau urbain de télécommunication.

Carte des cabines de téléphone public de l’agglomération du Val d’Orge (2013)

Carte des cabines de téléphone public de l’agglomération du Val d’Orge (2013)

Pile ou face

2013

Heads or tails

Installation version: a 1-euro coin spinning on its own axis, endlessly, on its side, like a spinning top.

Record version: 45 rpm in a locked groove playing the sound of a coin spinning on its own axis. As the record’s groove is locked, the record plays endlessly and gives the illusion of continuity. Price 1 euro. Available here.

Version installation : pièce de 1 euro tournant rapidement sur elle-même,  sans fin, sur sa tranche, comme une toupie.

Version disque : 45 tours en sillon fermé donnant à entendre le son d’une pièce tournant sur elle-même. Le disque étant en sillon fermé, la lecture est sans fin et donne l’illusion d’une continuité. Prix 1 euro. Disponible ici.

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Production CAC Brétigny.

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Jukebox de silence

2013

Silent Jukebox, with Patrice Caillet & Adam David

As of the end of the 1940s, a strange record made its appearance in some American jukeboxes. It differed from the other hits available in the fact that no sound was played when it was selected: it was a silent record. Hoax or marketing of tranquillity, the origin of these records is still very much a mystery today. At the same time and before germination of the idea for 4’33’’, John Cage announced a project for such a record that he hoped to sell to the company Muzak. The project was never carried out, no doubt because these records already existed… Since then, the silent record has been appropriated numerous times, in the margins and even within cultural industries, and its use spans remarkable semantic diversity: performative, memorial, political, critical, abstract, poetic, cynical, facetious, technical, promotional, absurd and even indeterminate.

Jukebox de silence is a jukebox for which all the musical titles available are made up of silent pieces taken from record and recording history. These pieces include those brought together for the vinyl compilation Sounds of Silence, as well as other titles that were not included on this compilation due to the limited length of the record. Each silent piece is made available in its full, unedited form and has been digitised from the original format used.

Dès la fin des années 1940, un étrange disque fait son apparition dans certains juke-boxes américains. Il se distingue des autres tubes mis en boîte par une absence de son manifeste dès qu’on le sélectionne pour l’écoute : c’est un disque de silence. Canular ou marchandisation de la tranquillité, l’origine de ces disques reste encore très mystérieuse. Au même moment, et alors que l’idée de 4’33’’ n’a pas encore germé, John Cage énonce dans une conférence le projet d’un tel disque qu’il souhaite vendre à la compagnie Muzak. Le projet ne sera cependant jamais réalisé, sans doute parce que ces disques existent déjà… Depuis, le disque de silence a connu d’innombrables appropriations, en marge ou à l’intérieur même des industries culturelles, et répond d’une diversité sémantique remarquable : performatif, mémoriel, politique, critique, abstrait, poétique, cynique, facétieux, technique, promotionnel, absurde, ou encore indéterminé.

Jukebox de silence est un jukebox dont l’intégralité des titres musicaux proposés à l’écoute est constituée de morceaux de silence issus de l’histoire du disque et de l’enregistrement. Ces morceaux reprennent ceux réunis dans la compilation vinyle Sounds of Silence (Frac Franche-Comté/Alga Marghen), mais aussi d’autres titres qui n’avaient pu être retenus en raison de la durée limitée du disque. Chaque morceau de silence est proposé dans son intégralité, numérisé depuis son support original.

Une histoire secrète des crises

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2011

A secret history of crises

This project is presented in the form of a programming cycle that aims to put history’s major capitalist economic crises into the perspective of creations that are contemporaneous to them.

Initial extracts were presented on 19 February 2011 at the CAC Brétigny arts centre, with a programme including the piece Adnos I (1973-74) by Eliane Radigue, Jean Dréville’s documentary Autour de l’argent (1929) and the piece CAC Brétigny 1988-2011.

Une histoire secrète des crises se présente sous la forme d’un cycle de programmation qui tente de mettre en perspective des crises importantes de l’histoire de l’économie capitaliste avec des créations qui leur sont contemporaines.

Des premiers extraits ont été présentés le 19 février 2011 au CAC Brétigny, avec comme programmation la pièce “Adnos I” (1973-74) d’Eliane Radigue, le documentaire “Autour de l’argent” (1929) de Jean Dréville et la pièce « CAC Brétigny 1988-2011 ».

Noises Off

2010

Sound installation. An empty room is equipped with a set of presence sensors fixed to the walls. Speakers play sound at very high volume. The sound is cut automatically as soon as the sensors detect any movement in the room. Instal 2010, Glasgow.

Installation sonore. Une pièce vide est munie d’un ensemble de capteurs de présence fixés aux murs. Des enceintes diffusent du bruit à un très haut volume sonore. Le bruit se coupe automatiquement dès que les capteurs repèrent un mouvement dans la pièce. Instal 2010, Glasgow.

Brutalised Aesthetics

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2010

Project realized with Mattin, taking the form of a reflexion on the democracy through a documentary on the revolts of concert to which are associated performed actions.

“[…] The authority whose duty it was to know these regulations, and, when known, to apply them in its judgments and to penalize the disobedient, was not a pipe nor, as now, the mob’s unmusical shoutings, nor yet the clappings which mark applause: in place of this, it was a rule made by those in control of education that they themselves should listen throughout in silence, while the children and their ushers and the general crowd were kept in order by the discipline of the rod. In the matter of music the populace willingly submitted to orderly control and abstained from outrageously judging by clamor; but later on, with the progress of time, there arose as leaders of unmusical illegality poets who, though by nature poetical, were ignorant of what was just and lawful in music; […] they unwittingly bore false witness against music, as a thing without any standard of correctness, of which the best criterion is the pleasure of the auditor, be he a good man or a bad. By compositions of such a character, set to similar words, they bred in the populace a spirit of lawlessness in regard to music, and the effrontery of supposing themselves capable of passing judgment on it. Hence the theater-goers became noisy instead of silent, as though they knew the difference between good and bad music, and in place of an aristocracy in music there sprang up a kind of base theatrocracy. For if in music, and music only, there had arisen a democracy of free men, such a result would not have been so very alarming; but as it was, the universal conceit of universal wisdom and the contempt for law originated in the music, and on the heels of these came liberty. […] Next after this form of liberty would come that which refuses to be subject to the rulers; and, following on that, the shirking of submission to one’s parents and elders and their admonitions; then, as the penultimate stage, comes the effort to disregard the laws […]” Platon, Laws

Projet réalisé avec Mattin, prenant la forme d’une réfexion sur la démocratie à travers un documentaire sur les révoltes de concert auquel s’associent des actions performées.

« À l’époque, […] il revenait à des hommes qui s’occupaient d’éducation d’écouter l’exécution de ces pièces en silence jusqu’à la fin, tandis que les enfants, leurs pédagogues et la masse du public étaient ramenés à l’ordre par le bâton du service d’ordre. Voilà donc suivant quel type d’ordonnance la masse des citoyens acceptait d’être contrôlée en ces matières sans avoir l’audace de faire du tapage pour exprimer son jugement. Par la suite cependant, à mesure que le temps avançait, apparurent des compositeurs qui commencèrent à violer les règles dans le domaine des Muses […] ils répandirent sur le compte de la musique ce mensonge suivant lequel en musique il n’y avait aucune place pour une quelconque rectitude et que c’est le plaisir de celui qui y trouve sa jouissance, que celui-ci fût meilleur ou pire, qui décidait avec le plus de rectitude. À force de composer de telles œuvres, et d’y ajouter des paroles de ce genre, ils inculquèrent au grand nombre la désobéissance aux règles dans le domaine des Muses, et l’audace de se croire des juges compétents. La conséquence fut que le public du théâtre qui jadis ne s’exprimait pas se mit à s’exprimer, comme s’il s’entendait à discerner dans le domaine des Muses le beau du laid ; et à une aristocratie dans le domaine des Muses se substitua une “théâtrocratie” dépravée. Et si encore c’eût été une démocratie limitée à la musique et composée d’hommes pourvus d’une culture libérale, ce qui est arrivé n’eût en rien été aussi terrible. Mais ce qui à ce moment-là commença à s’installer chez nous à partir du domaine des Muses, ce fut l’opinion que tout homme s’entendait à tout et qu’il pouvait se mettre en infraction ; et la licence suivit. […] Tout de suite après cette liberté en vient, selon toute vraisemblance, une autre, celle qui refuse d’être l’esclave de ceux qui représentent l’autorité, puis une autre encore, celle qui refuse d’être l’esclave d’un père, d’une mère et des gens plus âgés et d’accepter leurs remontrances. Lorsque l’on approche de la fin du parcours, on cherche à ne pas obéir aux lois […] » Platon, Les Lois.

Production CAC Brétigny