2010
Project realized with Mattin, taking the form of a reflexion on the democracy through a documentary on the revolts of concert to which are associated performed actions.
“[…] The authority whose duty it was to know these regulations, and, when known, to apply them in its judgments and to penalize the disobedient, was not a pipe nor, as now, the mob’s unmusical shoutings, nor yet the clappings which mark applause: in place of this, it was a rule made by those in control of education that they themselves should listen throughout in silence, while the children and their ushers and the general crowd were kept in order by the discipline of the rod. In the matter of music the populace willingly submitted to orderly control and abstained from outrageously judging by clamor; but later on, with the progress of time, there arose as leaders of unmusical illegality poets who, though by nature poetical, were ignorant of what was just and lawful in music; […] they unwittingly bore false witness against music, as a thing without any standard of correctness, of which the best criterion is the pleasure of the auditor, be he a good man or a bad. By compositions of such a character, set to similar words, they bred in the populace a spirit of lawlessness in regard to music, and the effrontery of supposing themselves capable of passing judgment on it. Hence the theater-goers became noisy instead of silent, as though they knew the difference between good and bad music, and in place of an aristocracy in music there sprang up a kind of base theatrocracy. For if in music, and music only, there had arisen a democracy of free men, such a result would not have been so very alarming; but as it was, the universal conceit of universal wisdom and the contempt for law originated in the music, and on the heels of these came liberty. […] Next after this form of liberty would come that which refuses to be subject to the rulers; and, following on that, the shirking of submission to one’s parents and elders and their admonitions; then, as the penultimate stage, comes the effort to disregard the laws […]” Platon, Laws
Projet réalisé avec Mattin, prenant la forme d’une réfexion sur la démocratie à travers un documentaire sur les révoltes de concert auquel s’associent des actions performées.
« À l’époque, […] il revenait à des hommes qui s’occupaient d’éducation d’écouter l’exécution de ces pièces en silence jusqu’à la fin, tandis que les enfants, leurs pédagogues et la masse du public étaient ramenés à l’ordre par le bâton du service d’ordre. Voilà donc suivant quel type d’ordonnance la masse des citoyens acceptait d’être contrôlée en ces matières sans avoir l’audace de faire du tapage pour exprimer son jugement. Par la suite cependant, à mesure que le temps avançait, apparurent des compositeurs qui commencèrent à violer les règles dans le domaine des Muses […] ils répandirent sur le compte de la musique ce mensonge suivant lequel en musique il n’y avait aucune place pour une quelconque rectitude et que c’est le plaisir de celui qui y trouve sa jouissance, que celui-ci fût meilleur ou pire, qui décidait avec le plus de rectitude. À force de composer de telles œuvres, et d’y ajouter des paroles de ce genre, ils inculquèrent au grand nombre la désobéissance aux règles dans le domaine des Muses, et l’audace de se croire des juges compétents. La conséquence fut que le public du théâtre qui jadis ne s’exprimait pas se mit à s’exprimer, comme s’il s’entendait à discerner dans le domaine des Muses le beau du laid ; et à une aristocratie dans le domaine des Muses se substitua une “théâtrocratie” dépravée. Et si encore c’eût été une démocratie limitée à la musique et composée d’hommes pourvus d’une culture libérale, ce qui est arrivé n’eût en rien été aussi terrible. Mais ce qui à ce moment-là commença à s’installer chez nous à partir du domaine des Muses, ce fut l’opinion que tout homme s’entendait à tout et qu’il pouvait se mettre en infraction ; et la licence suivit. […] Tout de suite après cette liberté en vient, selon toute vraisemblance, une autre, celle qui refuse d’être l’esclave de ceux qui représentent l’autorité, puis une autre encore, celle qui refuse d’être l’esclave d’un père, d’une mère et des gens plus âgés et d’accepter leurs remontrances. Lorsque l’on approche de la fin du parcours, on cherche à ne pas obéir aux lois […] » Platon, Les Lois.
Production CAC Brétigny